Discours de Monsieur le Maire suite à l’appel au rassemblement de l’AMF

Depuis mardi dernier, nos communes sont partout en France le théâtre de troubles graves, qui ciblent avec une extrême violence les symboles républicains que sont les hôtels de ville, les écoles, les bibliothèques, les polices municipales. Cette crise renvoie à ce que les maires disent depuis longtemps sur la nécessité absolue de donner aux pouvoirs locaux les moyens et l’entière responsabilité de conduire les politiques de proximité. Au temps des injonctions descendantes doit succéder celui des libertés locales et de la responsabilité. Le Président de l’AMF a invité tous les maires de Franceà réunir les habitants de leur commune sur le perron de chaque mairie ce lundi 3 juillet à midi pour partager l’Appel des maires de France pour le retour à la paix civile. Vous pouvez prendre connaissance du discours de notre Maire ci-dessous:

Tout d’abord, je tiens à vous saluer et vous remercier d’être présents à nos côtés. C’est un moment solennel que tous les élus de France et nous, ici, désirons partager.

Les événements qui se passent depuis presque une semaine sont d’une gravité extrême, et nous devons en prendre conscience. Rien, même pas ce qui s’est passé à Nanterre, pour lequel la justice a été saisie et fera son travail, ne peut justifier ce qui se passe depuis une semaine. La mort d’un adolescent qui, quoi qu’on en dise, Monsieur M’bappé n’était pas un ange, même s’il ne méritait certainement pas la mort.

Il est important de mettre des mots justes sur les actions dans notre société. Alors, certes, on parle de non-voyants et de malentendants, et c’est peut-être bien. Mais il faut également choisir les mots justes. La délinquance est un délit. Casser des vitrines, agresser des élus, endommager des équipements publics sont des délits qui doivent être condamnés par toute la société et par la justice.

Attaquer des espaces publics tels qu’une mairie, une médiathèque, des centres aérés ou des écoles est non seulement contraire à l’esprit républicain, mais cela touche également le bien-être des classes populaires. Lorsque l’on casse une médiathèque, un centre aéré ou tout autre équipement public, ce sont les classes populaires que l’on touche, celles qui ont besoin du soutien de la société pour s’extraire de leur condition. Les écoles forment des citoyens et doivent continuer à être soutenues dans cette mission. Les médiathèques sont des espaces d’épanouissement culturel, et les centres aérés sont des lieux de socialisation, tout comme les crèches. C’est ce à quoi on attentent aujourd’hui..

Devons-nous excuser les attaques contre les commerces sous prétexte que les commerçants cherchent à exercer leur métier et à gagner de l’argent ?

Certes, notre société n’est pas uniquement composée d’ingénieurs, de médecins, de kinésithérapeutes ou d’avocats. Depuis tout temps, elle est un mélange de toutes les classes sociales et ces attaques touchent directement les classes populaires. 

S’attaquer à tous ces équipements publics, c’est s’attaquer à notre République, c’est s’attaquer à notre vivre-ensemble, c’est porter atteinte au bien-vivre. C’est ce message que nous devons rappeler. Nous ne pouvons justifier ce que nous voyons actuellement à la télévision, même si l’on vient d’un quartier populaire, même si l’on se sent exclu. De nombreuses personnes, de toutes générations confondues, ne sont pas nées dans des quartiers riches, n’ont pas grandi dans des familles aisées. Elles s’en sont sorties, que ce soient les immigrés espagnols, italiens, yougoslaves ou les classes populaires françaises. Elles ont réussi grâce au travail, à l’éducation, et au respect. Mais elles ne s’en sortiront jamais en détruisant tout. 

Certes, nous entendons que les gens ont de la colère, mais la jeunesse française ne se résume pas à cela. Dans une immense majorité, les jeunes veulent travailler, s’insérer. Depuis que je suis maire, je l’ai toujours dit, on ne les voit jamais. On les voit au lycée, à l’université, mais ils ne viennent pas dans mon bureau pour être rappelés à l’ordre. C’est à eux que nous devons dire fermement : rien ne peut justifier ce qui se passe actuellement. La justice doit être saisie, la justice doit faire son travail sans faiblir. Parce que la population ne comprendrait pas que pour la majorité des Français qui travaillent, qui étudient, qui se comportent bien, qui participent à la vie associative, qui s’insèrent, cette France-là ne peut pas comprendre qu’une infime minorité de jeunes, de casseurs, de dealers, viennent essayer de faire la loi. C’est cela que nous devons rappeler ici, devant les mairies, pour dire : STOP, nous ne pouvons plus accepter cela. 

Les policiers, les gendarmes, les pompiers sont attaqués, caillassés lorsqu’ils interviennent pour aider les gens. Car effectivement, je le dis souvent, on est un peu embêtés lorsque le policier nous arrête pour avoir grillé un stop, mais nous sommes très contents de les appeler lorsque nous avons été cambriolés, d’appeler les pompiers lorsque notre conjoint tombe ou est en situation d’urgence. Nous devons exprimer notre soutien et nos remerciements à tous ceux qui se sacrifient pour être auprès de la population dans les moments difficiles. C’est à eux que nous devons envoyer notre soutien et nos remerciements. Même si moins de personnes se mobilisent lorsqu’un policier décède, cela ne signifie pas que moins de gens trouvent cela normal.

Depuis 30 ans, 40 ans, on trouve des excuses portées par tous les gouvernements successifs pour justifier les actions des gens. Voilà le résultat : l’abandon de l’école, où les enseignants ne sont pas soutenus et ont des difficultés à se faire entendre, alors que c’est l’école qui émancipe. Des générations d’enfants des classes populaires ont accédé à des métiers parce que l’école les a émancipés, les a formés et éduqués. Dans nos centres aérés, nos médiathèques, nos ludothèques, des animateurs se dévouent pour eux, et ce sont souvent les classes populaires qui en bénéficient. C’est pour eux et pour tous les autres que nous travaillons. Tous ces symboles sont aujourd’hui attaqués. Lorsque l’on incendie une école, un centre social comme à Béziers, une bibliothèque, c’est la France populaire que l’on touche. Il faut le dire haut et fort : nous ne pouvons plus tolérer cela. Nous devons poser des mots justes sur des choses déplorables. Arrêtons de masquer la vérité. 

La vérité est qu’il existe une infime minorité de casseurs, de délinquants, de dealers en France, et c’est à cette France-là que nous devons nous méfier, c’est cette France-là que nous devons punir. Pour donner à tous ceux qui veulent travailler ou travaillent déjà et s’insérer dans cette société, parfois avec difficulté mais toujours avec courage, il faut leur dire que toute la France est derrière eux, que les élus et la population les soutiennent.

Je vous remercie.

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